26 octobre 2020

Du recrutement au départ

    Mais comment diable suis-je arrivée jusque-là ? Commençons par le début. Il y a quelque chose en moi que je ne sais expliquer: une fascination pour ces milieux polaires ... Arctique, Antarctique, et ce depuis longtemps. Dès que j'ai su qu'il y avait la possibilité de partir en Antarctique pour des missions d'environ un an pour travailler sur la faune, j'ai gardé cette information précieusement dans un coin de ma tête. Aussitôt le master terminé, je décide de déposer ma candidature pour la prochaine campagne de recrutement pour le poste d'ornitho-écologue. Ceci étant fait, l'attente commence. Quelques semaines plus tard, une première réponse arrive. Ma candidature n'est pas retenue pour cette année. Je suis un peu déçue mais puisque je sais qu'un certain nombre d'hivernants ont postulé plusieurs fois avant de parvenir à leurs fins, je me dis que l'année suivante sera la bonne. Dans les jours qui suivent, je reçois un nouveau message me disant que je suis finalement sélectionnée après des désistements pour aller passer les entretiens. Je commence alors à stresser, une étape est franchie ! Je suis encore loin d'avoir le poste mais cette nouvelle me rend très heureuse. Je décide de faire l'entretien en présentiel bien que je me trouve alors à Turin. Le jour J, je réalise que je vais passer le premier entretien de ma vie. Je me retrouve devant six scientifiques pendant une quarantaine de minutes. A la sortie, je ne sais que penser de mon entretien. Finalement, je ne suis pas prise. Tant pis, en attendant je profite des paysages piémontais ...

Il n'y a rien à ajouter ... si ce n'est que cela va sans doute me manquer un peu.

    En 2020, je candidate à nouveau. J'ai plus d'expérience que l'année passée et je sais à quoi m'attendre pour l'entretien. Celui-ci ne durera qu'une grosse vingtaine de minutes, les scientifiques se rappelant de moi. Et cette fois-ci, c'est la bonne ! J'apprends le jour de l'annonce du confinement que je suis acceptée pour un poste d'ornitho-éco ... mais sans connaître mon affectation. Cela signifie que j'ai obtenu un des six postes proposés dans un des districts: Terre Adélie, Crozet, Kerguelen (trois postes dont un de six mois) ou Amsterdam. Drôle de journée que ce 16 mars 2020. D'un côté, le confinement va me priver d'une partie de mes libertés, et en même temps, j'accède avec ce poste à un endroit (lequel, je ne le sais pas encore) que seulement peu de personnes peuvent aller voir de leur propre yeux. 

    Covid oblige, les réponses tardent, car avant d'obtenir mon affectation il faut passer les tests médicaux et psychologiques, et il faut donc attendre la fin du confinement. En juin, je passe finalement les tests sur Paris. Mais ce n'est que fin juillet que j'obtiens finalement une réponse définitive: ça sera la Terre Adélie pour 14 mois ! C'est mon premier choix et j'en suis plus que contente!

    Désormais, place à l'organisation ! Il faut remplir quelques papiers administratifs et faire les malles. Je me retrouve alors à faire des commandes de gants, moufles, cagoules en plein milieu du mois d'août. Voulant profiter des montagnes italiennes le plus longtemps possible, je ne rentre que quelques jours avant le début de ma formation, ce qui me laisse très peu de temps pour remplir les fameuses malles. En effet, les malles doivent être au siège de l'Institut Polaire le 4 septembre au plus tard. En écourtant un peu les nuits et avec l'aide de mes parents, la mission est réussie et les malles sont prêtes à partir dans les temps. 

Il semblerait qu'un passager clandestin veuille m'accompagner.

Je ne pensais pas remplir les trois malles, et finalement elles étaient pleines !

Une fois étiquetées, les voici prêtes à partir.

    Entre temps la formation au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) de Chizé (le CEBC, Centre d'Etudes Biologiques de Chizé) a débuté. Je rencontre les copains qui partent sur les autres districts: Marine pour Crozet, Mélina, Alexis et Cécile pour Kerguelen et Anthony pour Amsterdam. Au programme, bibliographie (il faut connaître nos espèces d'étude sur le bout des doigts), présentations des différents programmes de recherches par les chercheurs, manipulations sur des oies et canards etc ... Nous attendons également avec impatience le traditionnel séminaire au siège de l'Institut Polaire à Plouzané dans le Finistère, mais il sera malheureusement (ou heureusement) annulé à cause d'un virus dont on parle régulièrement. Il sera remplacé par des visio-conférences, moins conviviales c'est sûr, mais qui nous permettent de glaner de précieuses informations.
Mesures biométriques sur une oie (à défaut de manchot)

    Après environ six semaines au CEBC, l'heure du départ a sonné. Je passe quelques jours chez mes parents en faisant bien attention à ce fichu virus, car une contamination entraînerait purement et simplement une annulation du départ. Mardi 13 octobre, je me rends à Roissy dans un hôtel pour passer un test Covid. Le lendemain, confiné chacun dans sa chambre, tout le monde attend son résultat, sésame pour pouvoir embarquer. Heureusement, tout le monde est négatif et nous montons tous dans l'avion direction Rome pour une première escale afin de récupérer des expéditionnaires italiens. Nous continuons ensuite notre trajet jusque Colombo au Sri Lanka pour faire le plein de carburant. Nous finissons ensuite le voyage directement jusqu'à Hobart en Tasmanie (Australie) où nous atterrissons après environ 25 heures de vol. Dès la sortie de l'aéroport, nous prenons un bus qui nous emmène directement à un hôtel pour y être confiné chacun dans notre chambre pendant quatorze jours. Malgré ces règles strictes, tout est mis en œuvre pour que cela se déroule au mieux. Nous serons alors encore plus heureux de pouvoir sortir à la fin de ce confinement pour pouvoir partir vers l'Antarctique ! Mon départ de Hobart est prévu le 3 novembre. Je prendrai un avion jusque la base italienne Mario Zucchelli, puis un second avion jusque Dumont d'Urville. 

En voici un bien équipé pour partir !


Résumé de notre premier trajet (les tracés sont évidemment approximatifs)


5 commentaires:

  1. Bon courage pour l'isolement Cam, bisous

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  2. Merci, à vous aussi du coup ...
    Bises

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  3. Bon voyage vers la Terre Adélie dans quelques jours ! :)

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  4. Coucou Camille
    Je pense que tu dois enfin être arrivée au pays des manchots ! Dans l'attente de tes nouvelles, des photos , des impressions....bisous bretons où il faisait -1 degrés ce matin 😉

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  5. Coucou Camille,
    Ici Emmanuelle, fille de Danielle, amie/collègue de tes parents.
    Avec mes 3 loulous nous avions hâte de pouvoir suivre tes aventures extra-ordinaires! On espère que l'isolement n'a pas été trop long, et que tu es maintenant bien installée.
    À très vite ☺
    Emmanuelle, Janna, Adam, Samy

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