17 novembre 2020

Bienvenue en Antarctique

    En Antarctique, il suffit de prévoir quelque chose pour que cela ne se passe pas comme prévu. Le départ, initialement programmé le 3 novembre, a eu lieu le 6 novembre. Après une dernière (courte) nuit à Hobart, notre groupe franco-italien a pris la direction de l'aéroport vers 4h30. Après l'enregistrement des bagages et quelques photos, nous nous sommes dirigés vers le terminal "Antarctique" pour un contrôle avant de pouvoir monter dans l'avion. À 7h00, l'avion décolle en direction de la station italienne Mario Zucchelli. C'est parti, je suis en route pour l'Antarctique ! Malgré le fait qu'il n'est pas si simple d'arriver sur le continent blanc, nous avons le luxe d'être dans un avion tout confort, un A319. Environ trois heures et demi de vol plus tard, nous arrivons au-dessus du pack, grandes (ou moins grandes) plaques de glace flottant sur l'océan. Mes yeux sont collés au hublot. Peu de temps après, nous commençons à survoler le continent. Des montagnes enneigées, des glaciers et des plateaux se dressent à perte de vue. C'est magnifique. Je regarde attentivement ce paysage en espérant le graver dans ma mémoire car je n'ai aucune envie de sortir l'appareil photo à ce moment-là, préférant observer avec mes yeux. On nous annonce alors que nous approchons de notre destination et que nous devons commencer à nous habiller puis rester sur notre siège. A moitié emmitouflée dans mes habits polaires, je reste scotchée au hublot jusqu'à l'arrivée. L'atterrissage sur la banquise est très doux, le plus doux que je n'ai jamais connu, à croire qu'il est simple d'atterrir sur un mélange de neige et de glace. J'enfile mon bonnet, mon tour de cou, mes gants, ma polaire, ma veste et tout le reste, et en sortant de l'avion, je suis surprise par la température. Je suis bien trop couverte et j'ai rapidement trop chaud. Mais ce n'est pas très important car je suis enfin en Antarctique et je fais mes premiers pas sur la banquise ! Pour rejoindre la base, des italiens nous attendent avec des 4x4. Après quelques consignes, nous déjeunons et visitons nos chambres, car à cause de la météo notamment, il n'est pas possible d'enchaîner les deux vols et de rejoindre la station de Dumont d'Urville directement. Nous attendrons donc 24h pour pouvoir redécoller. Mais qu'importe, cela me donne l'occasion de visiter une seconde station polaire en Antarctique, celle de Mario Zucchelli construite par les italiens en 1985. Dans la soirée, j'en profite pour sortir admirer le paysage et prendre quelques photos. La lumière est très belle et je vois mes premiers skuas. 

La station Mario Zucchelli

Une baie à quelques centaines de mètres de MZS


    Le lendemain, après une seconde petite promenade, nous replions bagages et rejoignons l'avion sur la banquise vers midi. Nous allons embarquer sur un Basler DC-3, un avion datant de la seconde guerre mondiale, rénové et modifié bien sûr ! Le vol se déroule bien, même si l'avion est très bruyant. Après quatre heures de vol, d'abord au-dessus des montagnes en quittant la station italienne, puis au-dessus d'un terrain blanc  et assez plat, nous atterrissons à D10 au-dessus de la base de Prud'Homme. A la descente de l'avion, la température n'est pas la même que la première fois et le vent qui souffle nous rappelle tout de suite que nous sommes en Antarctique. Nous sommes accueillis par quelques hivernants, qui nous amènent en véhicule (un Challenger avec une benne où nous nous asseyons) jusqu'à Dumont d'Urville, à quelques kilomètres de la piste d'atterrissage.

Le fameux Basler DC-3

 

    Au loin, je devine la limite entre la banquise et l'eau libre, avec de gros icebergs qui se détachent de l'horizon. En passant à Prud'Homme, je vois mes premiers manchots Adélie. Qu'ils sont beaux ! Qu'ils sont nombreux aussi ... Et dire que je vais devoir les compter ! En approchant de l'île des pétrels où se trouve la base, je vois mes premiers manchots empereurs, mais aussi les élégants pétrels des neiges, damiers du Cap et pétrels géants. Je suis toute éblouie par tant de beauté (et aussi un peu par le soleil ... ). Quelques minutes plus tard, nous arrivons dans notre nouveau chez nous où nous sommes chaleureusement accueillis par les hivernants de la TA70. Mon prédécesseur Alexis me fait visiter la station, et notamment le bâtiment Biomar où se trouve mon espace de travail (quand je ne suis pas dehors évidemment). Je rejoins par la suite ma chambre dans le "42" (c'est-à-dire le dortoir hiver) pour m'installer. J'ai de la chance: ma chambre est à l'étage, avec vue sur la banquise. Que demander de mieux ?
    Maintenant que je suis arrivée, il va falloir se mettre au travail après ces trois semaines d'inaction. Après une formation banquise me permettant de comprendre les dangers et de les éviter, je peux désormais débuter la passation avec Alexis.  Et nous commençons rapidement par une manip phoque: c'est-à-dire contrôle et transpondage (on met une puce sous la peau, comme pour les animaux de compagnie). Ces sorties me permettent d'aller assez loin sur la banquise, ainsi que de voir et de transponder mes premiers phoques ! Mais je vous en dirai plus au cours de l'année, et d'ici le prochain article, je vais aller compter les manchots Adélie.

"Les phoques sont partis par-là" semble me dire l'empereur.

Alors je marche en passant sur des îles ...

... près des rivières ...

... je croise des manchots Adélie qui me regardent d'un drôle d'air ...

... Et finalement, un phoque de Weddell !
(la vérité est que nous avons vu bien plus qu'un seul phoque)

 

 

2 commentaires:

  1. Super cool !!! Merci Camille !

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  2. Merci Camille de nous faire profiter de cette belle aventure.
    Ce jour (29 novembre) on parle de vous dans le journal LE PARISIEN !
    Je vais donner l'article à ta maman avec qui je travaille à Bligny.
    Bises et encore bravo. Profites bien !

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