06 janvier 2021

Des oeufs et des poussins

     Comme vous l’avez compris, je suis assez occupée en ce moment avec mon travail : la saison de reproduction bat son plein ici, c’est l’été !

Belle journée d'été quelques jours avant Noël

     Vous vous demandez peut-être en quoi consistent mes activités alors je vais vous en présenter quelques-unes.

    Tout d’abord, le dénombrement des pétrels des neiges et des damiers du Cap. L’objectif est simple : il faut compter tous les couples reproducteurs de l’archipel pour chacune de ces deux espèces. 

Pétrel des neiges en vol

Damier du Cap

    Afin d’atteindre cet objectif, je dois parcourir toutes les îles de l’archipel (et certaines sont grandes), en regardant dans la moindre anfractuosité pour voir s’il n’y a pas un oiseau couvant un œuf (les pétrels des neiges pondent un œuf par an, les damiers du Cap également, mais ils arrivent que ces deniers en aient deux). Je me retrouve donc souvent dans des positions assez étranges, la tête entre les cailloux. En effet, les pétrels des neiges nichent dans les rochers, et sont souvent bien cachés ! Pour les damiers du Cap, la tâche est moins compliquée car ils nichent « à ciel ouvert ». Toutefois, ils sont généralement plus sensibles que les pétrels des neiges car plus exposés aux prédateurs, il faut donc faire très attention lorsque l’on s’approche du nid pour ne pas les faire s’envoler ! Lorsqu’un oiseau est découvert, il faut d’abord regarder s’il est reproducteur ou non. Avec une gaffe en métal, je soulève légèrement l’oiseau pour voir s’il est en train de couver un œuf (gagné, c’est un reproducteur !) ou non (soit il est non reproducteur cette année, soit il a échoué). Ensuite, je vérifie si l’oiseau est bagué ou pas car ces deux espèces sont baguées depuis plus de 50 ans ici ! Si l’oiseau est effectivement bagué, nous arrivons alors à l’étape la plus drôle et souvent la plus difficile : lire la bague sans capturer l’oiseau. Pour cela, j’utilise ma gaffe en métal pour faire tourner la bague sur la patte de l’oiseau. Parfois cela prend du temps car l’oiseau n’est pas tourné du bon côté, la bague est usée ou sale, ou alors l’oiseau est loin dans son nid et il y a peu de lumière pour voir correctement (ceci est surtout vrai pour les pétrels des neiges bien cachés et parfois même inaccessibles). En rentrant au bureau, je regarde de temps en temps dans la base de données l’âge des oiseaux contrôlés, et je me rends compte que je contrôle régulièrement des oiseaux bien plus vieux que moi : les pétrels des neiges peuvent vivre plus de 50 ans et les damiers du Cap près de 30 ans ! 

Pétrel des neiges au nid, entre les cailloux

Damier du Cap sur son nid

Carnet, crayon et gomme ... outils indispensables pour aller sur le terrain !
     Ensuite, le deuxième suivi qui m’occupe environ deux jours tous les dix jours concerne les skuas. Le principe est à peu près le même : je dois contrôler tous les nids de l’archipel (environ 60-70 nids) et regarder où ils en sont : ont-ils un ou deux œufs, un ou deux poussins ou rien du tout ? 

Poussin de skua et son futur petit frère ou sa future petite soeur ?

Poussin de skua bien protégé par son parent
     Ici beaucoup de skuas sont bagués : une bague métal et une bague darvik (bague en plastique avec une lettre et deux chiffres, lisible de loin) et nous connaissons donc presque toujours les deux partenaires de chaque couple. Depuis un peu plus de 10 jours, les premiers poussins de skuas sont arrivés, et lorsque l’on s’approche trop près, les parents nous le font savoir très rapidement : ils n’hésitent pas à nous attaquer en criant et en piquant sur nous avant de remonter dans les airs et de recommencer. C’est un classique ici de voir les ornithos se faire attaquer par les skuas : je me promène donc souvent la main en l’air ou avec un bâton dans le sac (un peu comme une antenne) pour éviter qu’ils ne viennent me taper la tête avec leurs pattes ou qu’ils ne piquent mon bonnet.

Ce n'est pas où est Charlie mais où sont les poussins (facile !)
 
La fameuse attaque du skua

    Dernière activité que je vous présente aujourd’hui : cela se déroule au bureau, souvent les jours de mauvais temps et consiste à … rentrer les données récoltées sur le terrain dans des tableurs et préparer les prochaines manips ! Je vous l’accorde, cette activité fait moins rêver mais elle est tout aussi importante.

    Et puis j’oubliais : les poussins de manchots Adélie sont nés depuis mi-décembre ! Preuve en image.

Les petits Adélie sont de sortie, sous le soleil ...
 
... et dans la tempête, la vie est dure en Antarctique !

3 commentaires:

  1. Bonne année Camille!
    Merci de partager cette magnifique aventure. Je guette régulièrement l'arriver d'un nouvel article. Tes photos sont superbes, et nos conditions hivernales actuelles ( glaciales ) m'aident à me représenter l'ambiance dans laquelle tu évolues.
    Ton récit a fait remonter à ma mémoire une attaque de grand labbe en Islande, c'était très impressionnant!
    Amicales pensées de Savoie où il neige abondamment ce soir, bisous.

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  2. C'est Marie-Noëlle l'auteur du message du 13/01/21...

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  3. Coucou Camille et bonne année !!! Toujours aussi génial de te lire et de regarder tes super photos. Mais dit moi, ca ne leur fait pas peur quand tu t'approche ? Discrètement, tu peux nous rapporter un bébé manchot !!! trop beau ! A bientôt. Willy

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